Sympathy for Lady Vengeance
La forme l’emporte sur le fond !
Rappel général sur le film :
Clôturant la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook, le film raconte cette fois la vengeance d’une femme enfermée en prison pendant treize ans en prison pour la séquestration et le meurtre d’un enfant.
[Le fond]
Le scénario est finalement très faible. Après Oldboy, je m’attendais à un plan machiavélique et scénaristiquement impressionnant. Et bien ce n’est pas du tout ce qui m’attendait. Le plan chronologique du film est assez classique : on suit l’héroïne ponctuée par de nombreux flashbacks permettant de resituer les personnages de l’histoire, puis une longue scène finale et un épilogue. Le thème de la vengeance a de plus déjà été traité par Park Chan-Wook de manière plus complète dans Oldboy qui comfrontait plusieurs vengeances ce qui n’est pas le cas dans Lady Vengeance. Mais alors quel est l’intérêt de ce film sur le fond ?
La mise en scène permet de dresser des portraits statiques d'une manière originale.
Mias Lady Vengeance réussit aussi à saisir l’essence des sentiments et à la transcender. A travers des scènes souvent statiques et détachées de tout repère spatio-temporel, le cinéaste épure les sentiments à l’extrême.
Bien que ce travail sur les sentiments soit essentiellement dû au scénario, il ne serait pas possible sans une maîtrise totale de techniques audacieuses et efficaces.
[La forme]
En effet a forme même du film est osée, parfois drôle, souvent très esthétisée et épurée. Park Chan-Wook se rapproche de la perfection formelle.
La photographie est magnifique et très typée. On y reconnaît les lumières jaunes des lampadaires, les grandes chaussées de béton rasées par le timide soleil, dans un style très coréen. On remarque aussi une référence au cinéma d’antan : un long plan sur le visage de l’héroïne dans son impair à col haut, traduit son amour envers sa fille et sa douleur à travers son visage très expressif. Sans aucune parole, cette vue à l’image retouchée et sans fond nous replonge dans le monde des vieux polars de chicago.
Park Chan Wook réutilise des papiers peints psychédéliques (dans la chambres de Geum-ja), plus réussis que dans Oldboy.
La musique est absolument magnifique. Fidèle à son compositeur favori, Park Chan-Wook utilise (beaucoup plus que dans Oldboy) Vivaldi. La froideur et l’élégance du clavecin sont maginifiquement bien illustrés par l’héroïne et l’hiver omniprésent. On peut remarquer un nouvelle référence du réalisateur : il utilise souvent un extrait du 24ème caprice de Paganini. Connu pour sa virtuosité et le ludisme de ses pièces, ce dernier permet de ponctuer le film de très courtes phrases à plusieurs reprises. Il met aussi parfois un point d’honneur à une scène humoristique ou à une réplique inattendue.
L’humour est fin et très présent tout au long du film. Un humour sec, noir et efficace. On souriait parfois dans Oldboy, dans Lady Vengeance on rit souvent.
Voyons maintenant ce qu’il en est de l’actrice principale, Lee Young-Ae. Elle réalise une grande performance dans ce film. D’une extrême élégance, tour à tour froide et cassante ou touchante et émouvante, elle se montre très convaincante et participe à la réussite du film.
Le casting est excellent puisque le visage de l’actrice correspond tout à fait au rôle. Beaucoup d’autres acteurs (la plupart) ont déjà joué dans au moins un film de Park Chan-Wook, les rôles étant souvent complètement différents.
Quelques remarques
La première scène du film est à l’image du film : esthétique, drôle, émouvante, et osée par rapport aux plans utilisés. Je n’en dis pas plus.
Le générique est également sublime.
Pour moi le film est plus réussi qu’Oldboy, un vrai chef d’œuvre !
Quelques liens :
Le site officiel du film :
Cinemasie :
la fiche du film et des critiques très partagées :
http://www.cinemasie.com/fr/autres/fiche/oeuvre/ladyvengeance/
Blog sur le cinéma asiatique :
critique de la musique :