Goodbye South, goodbye
1996 un film de Hou Hsiao Hsien avec Jack Kao, Hsi Hsiang et Annie Shizuka Taïwan |
simple & beau
Hou Hsiao Hsien est un des meilleurs représentants de la nouvelle vague taïwanaise. Le style et la poésie de son Millenium Mambo ont été remarqué et reconnu par tous. Mais quelques années plus tôt, il nous offre une oeuvre qui, par son paradoxe de simplicité sophistiquée, se rapproche de la démonstration de cinéma.
Dans le luxuriant décor de la campagne taïwanaise, on y suit les aventures d'un groupe de petites frappes, un peu perdues, cherchant difficilement à faire des affaires. Ne traduisant finalement "qu"'un aspect de cette jeunesse errante, l'intérêt profond de ce film est plutôt dans le style cinématographique, l'art employé et maîtrisé par triple H.
On appréciera les plans statiques à la photographie réaliste et équilibrée, les longs silences exprimant avec force la détresse de ces trafiquants.
La musique est très rare mais son rock lunaire nous emporte dans un songe dépaysant.
Vous l'aurez compris, le réalisateur n'est pas vraiment adepte des montage hollywoodien aux 3 secondes de plan de moyenne. Mais il n'a rien à lui envier. Car ces longs plans immobiles dépeignent à la perfection les tripots de Taïpei et les petites chambres encaissées doucement enveloppées de longs volutes de fumée.
Mais Hou Hsiao Hsien est aussi adepte des caméras itinérantes, suivant pendant un long moment notre petit groupe en moto dans la forêt tropicale.
Cette dernière scène fait d'ailleurs partie selon moi des plus grandes scènes de cinéma. Car c'est quand la musique devient rare qu'elle est d'autant plus emportante, et c'est quand le statisme nous paralyse que ce voyage nous fait tourner la tête.
CQFD pour Triple H puisqu'il parvient sans peine à nous montrer la puissance insoupçonnée des plans longs, qu'il soient statiques ou dynamiques.
La sophistication de la photographie n'affecte à aucun moment la franchise et la transparence du message porté par l'histoire. Cette fois le scénario n'est pas conté mais filmé tout simplement (en apparence) et objectivement.
Un grand moment de poésie et de voyage.